Il n’y a jamais eu autant de manières de faire du sport, d’avoir une activité physique. En l’espace de cinquante ans, disons approximativement entre 1970 et aujourd’hui, l’univers sportif s’est profondément transformé.
Les disciplines traditionnelles, qu’elles soient d’origines européennes comme le football, le rugby et même la voile, ou asiatiques comme les arts martiaux, demeurent, mais beaucoup d’autres pratiques et autres mixages sont apparus, brouillant les figures imposées, mais multipliant les possibilités. Le surf, la grimpe, le yoga ou même le crossfit par exemple.
Le sport est en pleine évolution. Plus que jamais. De nombreuses pratiques sportives se développent, mélangeant sans complexe, expression corporelle, culture urbaine, musique, danse, et s’épanouissent dans les salles et sur les réseaux sociaux, loin des plateaux TV et des fédérations.
« C’est un art mais on s’entraîne comme des fous pour réussir donc ça devient un sport. Je me considère comme un sportif », revendique Martin Lejeune médaille d’argent en breakdance à Buenos Aires en octobre 2018, lors des Jeux Olympiques de la jeunesse.
Il est difficile de comparer la callisthénie, le crossfit, le breakdance et… le yoga, mais nous allons quand même oser, il y a matière.
Le point commun, c’est le corps. Il n’est plus le moyen, l’outil, mais l’objectif. A des degrés divers, suivant les disciplines, les pratiquants poursuivent plusieurs buts :
- Développer leur potentiel physique.
- Avoir une meilleure connaissance d’eux-mêmes.
- Une forme de plaisir, de « réussite » pas forcément de performance.
- Un équilibre, une hygiène de vie.
Le corps est devenu un but. Le travail physique n’est plus lié à la pratique d’un sport, il est devenu LE sport. Ce n’est pas nouveau (cf la musculation) mais la montée en puissance du fitness au sens large du terme en est un signe plus cohérent. Les femmes dans les salles de boxe parisienne aussi. Le marché français (du fitness) est le troisième en Europe. Il représente en France 5,71 millions d’adhérents, 4200 salles ouvertes et 2,5 milliards d’euros de CA (source Etude Deloitte et EuropeActive pour Union Sport & Cycle). La proportion de pratiquants en France est passée de 6 à 12% en quelques années. L’Allemagne et le Royaume-Uni font mieux, ce n’est pas donc un épiphénomène. Le véritable sport-santé est là…
- La callisthénie n’est pas vraiment une nouvelle tendance, mais elle prend place dans un mouvement plus profond. Elle est un signal visible qui nous interroge. Une sorte de réinvention de la gymnastique. La recherche de la perfection gestuelle en moins (par rapport à la pure gymnastique), les tatouages en plus.
- Le yoga également. On voit donc apparaître des « athlètes » au sens physique du terme qui ne sont liés à aucun sport, mais qui véhiculent une autre façon d’envisager le sport. Medrano est végétalien (on viendrait presque à en douter), Price en bon yogi parle évidemment d’équilibre. Les marques de vêtements de yoga comme Ohmme ou Lululemon amènent aussi un autre imaginaire sportif dont se saisissent de plus en plus de gens.
- Le breakdance enfin, présent aux prochains Jeux Olympiques. Le breakdance, dont l’exigence physique et certains mouvements le rapprochent de la callisthénie.
- Le tricking est un mélange de taekwondo, et de gymnastique, on peut faire également le parallèle avec la capoeira et le breakdance. C’est une discipline très visuelle, effectivement à mi-chemin entre performance physique et créativité. On peut y voir un soupçon de parcours pour l’environnement urbain. C’est sans doute là toute sa richesse et pour cette raison qu’elle devrait être beaucoup mieux mis en avant. L’art du geste des sports de combat, augmenté de la chorégraphie propre à la danse (voir la série des films Street Dance). Le tricking est un hybride fabuleux qui de plus est en phase avec des références urbaines (le hip-hop), une culture (les arts martiaux) qui pourrait se diffuser en ville et dans les banlieues notamment ou l’exigence du corps passe parfois par la musculation ou les disciplines de combat. Le parallèle avec le parkour et la dimension créative étant des cerises sur le gâteau.
Toutes ces disciplines sont bien davantage que des signaux faibles. Pour information, elles sont plus ou moins liées à l’univers du fitness. Or il y a un constat, imparable, celui-ci représente en France 5,71 millions d’adhérents et 4200 salles ouvertes. Selon une source citée par le journal Society, la proportion de pratiquants en France est passée de 6 à 12% en quelques années. L’Allemagne et le Royaume-Uni font mieux, ce n’est pas un épiphénomène.