« Right Time, right place », les surfers, windsurfers et autres dompteurs d’écume connaissent bien l’adage. La génération qui avait 20 ans en 1980 à Hawaii était au bon endroit au bon moment et beaucoup savaient déjà quoi faire d’une vague avec une planche de surf au pied, une poignée d’entre eux a profité de la naissance du windsurf pour s’inventer d’abord un destin sportif, puis une vie en phase avec les éléments. Enfin les plus avisés ont franchi une étape supplémentaire en réussissant dans le business avec au final, leur nom devenu une « marque ».
Si Robby Naish est connu du grand public, ce n’est pas forcément le cas de Peter Cabrinha. Pete, initialement surfer, a fait partie des premiers à bien s’exprimer dans les vagues d’Oahu avec un wishbone dans les mains, à l’orée des années 80. Au début de la World Cup, il gagne même le très couru titre de champion du monde de vague. Personnage assez discret, son style, ses faits d’arme (le demi-tour à La Torche en plein slalom, le duck-jibe en course en Orégon), sa personnalité lui valent cependant une renommée internationale, mais surtout une sorte de reconnaissance implicite mais durable chez les passionnés. Quand son physique et sa prestance en font un favori de la gente féminine. Cabrinha lâche rapidement le train-train de la coupe du monde pour revenir se caler dans les eaux chaudes d’Hawaii, se distinguant ainsi de Naish. Les années passent. Peter revient au surf et est de ceux qui écrivent les premières pages de la légende de Jaws, il empoche même un trophée Billabong XXL en s’offrant une montagne à Peahi, ce qui n’est pas le lot du commun des mortels. Enfin, et c’est le sujet du post, en bon watermen, il est aussi de ceux (Hamilton, Waltze, Randle, etc…toujours les mêmes ou presque) qui se lancent en premier dans cette nouvelle aventure qu’est le kitesurf.
Le jour où la marque Neil Pryde, qui fait figure de géant dans ce monde où la taille du business reste très mesuré, veut se lancer dans le kitesurf qui confirme enfin un potentiel après des années dans l’ombre du windsurf qui s’essoufle alors, et recherche un « nom » pour cette « diversification », elle finit par conclure un accord avec Cabrinha. Pour comprendre, il faut savoir qu’il semblait impossible alors pour une marque de windsurf de se jeter corps et âme dans le kite sous sa propre identité, tout comme à la même époque, les marques de skis avançaient « masquées » pour tester leur place dans le snowboard…
Aujourd’hui Cabrinha est avec Naish, l’une des marques références du kitesurf au niveau mondial. Les deux compères qui étaient des concurrents sur l’eau, le sont encore sur le terrain du business cette fois. Ils vont à l’eau toujours aussi souvent depuis plus de 35 ans…
Accessoirement (quoique..) ils nous démontrent aussi qu’à respectivement 51 et 53 ans il est possible d’être encore impliqué à 100% dans son sport et d’avoir d’autre projets que de ralentir…