Archives codezero. Billet initialement publié le 22 Février 2014
« Tous les acteurs institutionnels et industriels prônant encore la tradition sportive assistent médusés à une recrudescence de créations sportives se voulant à contre courant. Ils constatent l’exploitation d’un vocabulaire inusité mais lourd de sens, l’investissement de sites totalement surréalistes, la surabondance de références à des subcultures musicales inédites dans le monde du sport, l’utilisation d’un graphisme d’avant garde dans la décoration des vêtements, la valorisation ostentatoires de certains auteurs ou musiciens nettement alternatifs. En réalité, chacun peut constater que c’est une débauche de références culturelles parfaitement iconoclastes qui envahit aujourd’hui le monde du sport via une presse magazine spécialisée entièrement nouvelle.
Loin des disciplines, des hiérarchies, des codes d’arbitrages et des mesures, ce sont bien des normes inédites qui s’élaborent sus nos yeux. Elles distinguent la participation de la confrontation, la connivence de la domination, la personnalisation des comportements, de leur subordination institutionnelle, le libre arbitre de l’arbitre, l’émotion de la raison. …
De nos jours on n’escompte moins le résultat mesuré du geste sportif que l’étonnement produit par un geste sportif vécu comme créater de plaisir et de sensations. Ce point est essentiel car le matériel, les services sportifs du futur devront intégrer cette composante inédite de la demande des pratiquants »
Extrait de Nouvelles consommations sportives et nouvelles stratégies (2004), par Alain Loret professeur à l’université de Rouen, lors d’un colloque Société et consommation. Alain Loret est également l’auteur de Génération Glisse ouvrage paru en 1995.
Nous considérons qu’Alain Loret fait partie de ceux qui a le mieux analysé et décrit l’arrivée et le développement des sports de glisse. Il est des rares à avoir pris conscience qu’il y avait là un changement majeur dans la nature même du sport.
Les nouvelles formes de pratique du vélo, notamment en tout-terrain, démontrent combien la glisse influence d’autres sports parce que ces nouveaux pratiquants en intègrent les valeurs essentielles. Même si en volume, les passionnés de « cyclisme » sont encore en majorité, les nouvelles générations, mais pas uniquement – se tournent vers de nouvelles manières d’appréhender le deux roues . Si au début le VTT a la française consistait à reproduire les schémas du cyclisme sur les chemins, les nouvelles pratiques que sont l’Enduro, le freeride, le slopestyle ou la descente (DH)sont en adéquation avec les fondamentaux de la glisse. Ces deux films en sont d’ailleurs de parfaites démonstrations. Les nouvelles façons de pratiquer le vélo ne sont plus tout à fait marginales cependant. Des marques d’importance internationale comme Specialized aux USA mais aussi Lapierre en France se sont développées sur ce créneau, même si leur activité ne se limite pas à lui. Les stations de sports d’hiver, tout du moins certaines, ont également pris conscience du potentiel que celà représente même si ce n’est pas comparable au ski dans le résultat d’exploitation…
D’une façon générale, nous avons en France, une vision très condescendante de ces disciplines considérées comme marginales et c’est un tort, il y a la un potentiel de développement économique local. La station de Whistler en Colombie Britannique est aujourd’hui connue dans le monde entier pour cette raison, aux USA, la ville de Moab s’est en partie réinventée grâce au « mountain bike », il y a également en France des régions qui ont su tirer partie d’une pratique sportive. Chamonix pour la montagne, le sud-ouest avec le surf, la station des Deux-Alpes a également élargi sa clientèle l’été avec le VTT justement.