L’actualité, ce que devient le monde, nous invite à tout reconsidérer. Le rapport à l’océan pour les surfers et autres amoureux des vagues et du vent, la manière dont nous sommes en montagne pour ceux qui courent sur les reliefs, ou partout ailleurs pour les vététistes qui arpentent les singletracks. La liste est évidemment non-exhaustive. Sans être moralisateur ou culpabilisant mais juste réaliste, il ne suffit plus d’aller dans la nature, sans doute faut-il aujourd’hui une prise de conscience accrue sur notre rôle. Ne plus être que de passage, ne plus être qu’un utilisateur. Peser le moins possible, s’insérer sans se croire seul disposant du monde sans responsabilité.
La pratique du vélo tout-terrain est un bon exemple. L’immersion dans la nature fait réellement partie de l’imaginaire de la pratique, ce clip de Rocky Mountain, une marque canadienne l’illustre bien. Les riders ne sont pas moins légitimes dans la nature que d’autres visiteurs mais ont tendance à être moins facilement acceptés. Les films avec de l’action engagée concourent parfois à cette perception, le débat agite justement la communauté mais la réalité n’est pas aussi simple. Un important trafic pédestre peut parfois davantage nuire que peu de vélos. Chacun doit agir en conscience des autres et de l’environnement, y compris et surtout le « vivant » cher à Baptiste Morizot.
Les chasseurs ont su se rendre incontournables sur le terrain en liant leur présence à un rôle actif de protection de l’environnement. Des associations aussi puissantes de marcheurs, de vététistes sont-elles envisageables demain, pourquoi pas ? Des exemples existent (surfrider, Mountain Bikers Foundation). Ces trailers, marcheurs et passionnés de VTT sillonnent les espaces naturels. Ils sont en contact direct et perpétuel avec la nature. Leur rapport à celle-ci n’est plus professionnel comme les bûcherons en forêt par exemple, mais ils la connaissent, certains très bien et l’aiment. Ce rapport est ludique mais n’est pas à priori moins respectable.
Dans une conférence sur le littoral et la maritimité qui s’était tenue il y a plusieurs années et dont nous parlions au tout début de Codezero, était décrit ce virage. Il s’agissait alors du littoral, des relations de la population avec celui-ci. D’une fréquentation professionnelle, vers une relation plus ludique avec les lieux.
Reste à réinventer la notion de responsabilité. La nature n’est pas un terrain de jeu mais un bien commun. C’est aussi ce que dit le film Conscience qui sera dévoilé ce week-end au High Five Festival.