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Et la modernité créa la femme qui boxe…

Ce n’est pas une découverte, les grands médias ont déjà parlé, la boxe connait aujourd’hui un regain d’intérêt et plus surprenant encore, les femmes viennent dans les salles, jusqu’à représenter presque la moitié des adhérents dans certaines belles adresses parisiennes.

La boxe est un art, un art de combat, mais c’est aussi un sport violent, les grands combats ultra-médiatisés ne laissent aucun doute là-dessus même si le MMA a permis de mettre des images sur une forme de violence encore plus brutale. Cependant, nos cerveaux reptiliens n’y associent pas de prime abord les femmes. D’où la surprise de les voir avec porter les gants alors l’une de leurs qualités est d’être moins attirées (il nous semble avoir compris ça mais tout le monde peut se tromper…)  par la force et l’utilisation directe de la violence physique.

Essayons d’analyser :

  • En déconnectant la boxe de sa finalité, le combat, on peut mieux comprendre cette adhésion nouvelle.
  • Les femmes ont de nouvelles attentes, s’engagent dans d’autres pratiques, veulent une autre « condition » sportive.

La boxe, comme le Muay Thaï ou le Taekwondo, est un sport très exigeant physiquement. Très complet également. Il convient d’être souple, précis, rapide et puissant, ce qui implique un entrainement intensif, mais varié. Dans le cas de la boxe, celui-ci a très souvent été mis en scène au cinéma renforçant encore sa symbolique, son pouvoir d’attraction ; la salle, l’atmosphère, les gestes, les matières. La boxe consiste donc à développer un ensemble de qualités au travers de nombreux exercices qui vont du cardio intensif à la puissance pure, en passant par du travail de gainage, le travail en rapidité et la souplesse. C’est sans conteste une des raisons de l’engouement pour la boxe. Il y a une réelle difficulté physique et technique dans la progression mais un plaisir indéniable à franchir ces paliers. Ce faisant, on acquiert un sentiment d’équilibre, de maîtrise et de « puissance » personnelle. C’est difficile à expliquer, mais gratifiant sans aucun doute, rassurant. Il est bon par ailleurs de libérer de cette façon, notre énergie. Enfin, le combat proprement dit, même en partie retenu en phase d’entrainement amène à un niveau de conscience et de contrôle très instructif.

L’exigence physique et la culture du physique sont aussi de puissants moteurs, c’est ce qu’ont parfaitement compris les créateurs du Body Kombat (Les Mills) ou ceux du Body Karaté qui ont su marier les sports de combat et la chorégraphie issue de la danse. En ciblant clairement les femmes puisque le combat est imaginaire comme en karaté (katta) ou en taekwondo (pouncé). La différence entre les deux étant que le premier est « mis en marché », marketé par de puissants acteurs du sport « privé » (Les Mills et Reebok), l’autre étant géré par une fédération peu habituée à ce genre d’exercice.

La présence de la force, de l’aspect violent n’est pas à négliger loin s’en faut. A chacun de juger jusqu’où il souhaite aller. Les salles de boxe, de Muay Thaï et de Taekondo sont remplies de passionné(e)s qui ne vont pas jusqu’au combat, et donc une partie s’arrête juste aux portes. Une chose est sûre, affronter sa propre part de violence (que l’on doit refouler en société) dans un cadre maîtrisé est un exercice de soi et sur soi qui est intéressant.

C’est la raison même de la philosophie de ces disciplines. La maîtrise de soi, la confiance en soi également. Que dans ce monde moderne, où la condition féminine avance à grands pas depuis cinquante ans, mais dans lequel on mesure tous les jours le restant à parcourir, que les femmes s’approprient des territoires considérés jusque là comme majoritairement masculins est une suite logique. Qu’elles aient aussi besoin de se sentir plus fortes est complètement compréhensible. Les sports de combat y contribuent. Leur attirance pour le Crossfit va aussi dans ce sens. Réalisation de soi, prise de distance avec le concept du sexe faible. Contrôle de son corps aussi sans doute, rupture avec les clichés également. On notera un léger glissement par rapport à l’espace des sports, d’après P.Bourdieu/Pociello (1979-1995), les femmes fréquentant les salles de boxe venant souvent aujourd’hui des catégories socio-professionnelles supérieures.

Tout ceci montre à quel point les pratiques sportives évoluent, combien aussi il faut comprendre les motivations et les évolutions pour répondre à la demande. Inutile de vouloir « pousser » ces nouveaux adeptes vers la compétition, finalité logique aux yeux d’une fédération. Comme il serait illogique de les considérer aussi comme « pas vraiment boxeuses ». Dans « art de combat », il y a « art ». Travailler son geste en fait partie, être suffisamment fort pour ne pas aller jusqu’au « fight » plane aussi dans la philosophie de ces disciplines.

« Et la modernité créa la femme qui boxe ».

Tant mieux. #softfightclub

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