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Et si le foil tuait la voile ?

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Cette vidéo comme la précédente va faire le tour du monde des sites spécialisés et remplir des cases dans les médias grands publics toujours avides de « contenu » percutant, peu importe son sens, sur lequel ils n’ont pas le temps de s’attarder. La vidéo va donc faire de l’audience sur le net et même en TV parce qu’on y voit un avion déguisé en voiler mais penser que derrière chaque clic ou les mesures d’audiences flatteuses se cache un marin de demain serait une erreur.

On y voit donc un « bateau » volant sur l’eau. Pas n’importe lequel, un parmi les plus étonnant à une époque où une « belle » démesure devient la norme en voile de compétition. C’est presque devenu banal, ça ne l’est pas du tout, la réalité court aujourd’hui plus vite que l’imagination. Ne vous trompez pas sur le propos qui suit, le versant innovation de la voile nous passionne mais notre travail consiste justement à aller au delà de l’étonnement à l’instant t. Notre position n’est pas de dire non que c’était mieux avant… (trop facile comme contre-argument) mais justement d’imaginer l’après.

Ces images sont insensées pour plusieurs raisons :

  • le foil est une technologie en pleine évolution même s’il est connue depuis fort longtemps
  • rares étaient ceux qui pensaient, il y a seulement deux ans, « ceci » possible. C’est à dire un monocoque sur deux pattes, stable, et pleine balle comme on dit. Même après l’America Cup de 2010 et de 2013.
  • ce n’est plus tout à fait de la voile, tant le plongeon en avant, vers cette modernité radicale est violent : vitesse, technologie, carbone, casque, risque, impacts. Le match race à 10 noeuds n’est pas si vieux.

Quels constats en tirer :

  • c’est fabuleux
  • c’est du spectacle
  • c’est l’avenir
  • tout le monde va vouloir en faire

Mais :

  • ce qui se passe en SailGP et du coté de la Nouvelle Zélande (ce bateau américain pour la prochaine Cup) est un version hyper hi-tech de la voile
  • l’équivalent de la F1 en technologie et en budget (en valeur relative évidemment)
  • ce n’est plus de la voile, c’est du foil… (poursuivez on vous explique la différence)
  • cette voile là est inaccessible ou presque. C’est le parallèle avec la F1. 20 places sur la grille et des questions existentielles

Une page est en train de se tourner et notre vision est la suivante : ce que ces images nous montrent, attardons-nous sur le constat, sans aucune forme de jugement ou d’appréciation, c’est une autre expérience de la navigation. C’est la vitesse, c’est surtout le « vol ».

Ce que voudrons « vivre » ou « expérimenter » demain tous ceux qui trouvent ces images attirantes, c’est :

  • voler au-dessus de l’eau
  • pour les plus aguerris seulement, aller vite

Nous en venons à une première conclusion :  l’expérience dominante, c’est le foil, ce n’est plus la « voile ». L’expérience dominante devient l’élévation, le vol, l’apesanteur, qui prend le pas sur le mode de propulsion. C’est dans ce changement de nature qu’est le danger. 

Pourquoi ? Ajoutons maintenant un élément supplémentaire. Vont arriver dans peu de temps (ils sont déjà là) les bateaux à moteur à foil, arriveront tôt au tard les bateaux à moteur électriques à foil.

Qu’apporteront ces derniers ? :

  • l’expérience du vol même à basse vitesse (cf Sea Bubles)
  • le silence
  • la faible consommation énergétique
  • la facilité d’utilisation, l’accessibilité
  • l’absence de risque et d’engagement

Autre paramètre : la voile était une nécessité à une époque, elle est devenue un rêve, un loisir. Pour beaucoup de raisons sociétales, son potentiel de séduction diminue. Le rêve s’essouffle. La voile demande de l’apprentissage, c’est un milieu très « codé » et qui s’en enorgueillit, peu accessible, assez cher même si dans l’absolu (même si apprendre en école de voile n’est pas réservé aux CSP +), et elle est liée aujourd’hui à une image de réussite sociale (ce qui n’était pas le cas avant) dans un pays qui a un problème avec l’argent. La voile est à la fin d’un cycle.

Le « nautisme » en France est surtout une affaire de petits bateaux à moteur. Pour 80% du business global. Les français sont pragmatiques, ils veulent « aller sur l’eau ». Demain, de petites unités, à foil, propulsées par un moteur électrique seraient susceptibles de proposer l’expérience du « vol », qui s’accompagnera du confort (le bateau ne touche plus l’eau), du silence, et la possibilité d’aller où l’on veut ce qui est moins facile avec un voilier.

Dans ce contexte, le foil pourrait représenter une expérience facilement accessible, plaisante, sans contrainte, sans apprentissage, acceptable sur le plan environnemental (silence avec l’électricité, moins d’énergie consommée), pourquoi alors s’embarrasser avec le maniement des voiles que seuls les poètes, les esthètes et le sportifs continueront d’utiliser. 

Dernier point ; Ce bateau, The Mule, comme les catamarans de SailGP sont fabuleux. Plus que les Imoca quoiqu’on en disent. En termes d’effet « wahoooo », seuls les grands trimarans océaniques, une spécialité française, peuvent rivaliser. La voile de course donne aujourd’hui l’image d’un sport devenu inaccessible et très coûteux, ce qu’il est devenu. Rares sont les sports qui ont inversé leur « proposition » au moins en ce qui concerne la course en si peu de temps. En voile, la vitesse a pris le pas sur tout, elle est devenue le seul « récit ». C’est sans doute valorisant pour Larry Elison d’Oracle, mais on mesure à quel point aujourd’hui la société américaine est figée dans une vision du monde datant d’avant hier (cf les derniers propos à propos de la disparition des glaces qualifiée d’opportunité commerciale), c’est sans doute efficace pour les sponsors d’aujourd’hui mais c’est à contre temps d’une époque qui va chercher à ralentir. Le siècle de la vitesse était le vingtième. Pas de bol.

La voile oublie la sociologie et les valeurs qui émergent…

Le foil peut-il tuer la voile alors même que nombreux sont ceux qui pensent qu’il est la solution que la voile attendait ? La seule erreur possible serait de ne pas se poser la question. Notre expérience des sports de glisse et de l’outdoor nous autorise à rappeler le destin du windsurf ou a celui du snowboard. Il y était aussi question d’innovation permanente, d’engouement pour une certaine forme d’élitisme et le microcosme pensait en circuit fermé. Résultat : deux naufrages.

Terminons avec le point de vue de Loïck Peyron dans une interview donné à Voiles & Voiliers.

  • A propos du SailGP mais c’est valable pour la Cup : « Chaque activité a son marché, chaque marché a ses clients. Là, c’est la fabrication d’un marché, mais qui propose du sport et de l’image sans aventure. »
  • A propos de la course et de la vitesse : « Ralentir ! Bizarrement… La vitesse n’est pas la réponse ! On vient de le voir avec le succès de la réplique du Golden Globe. C’est tout le paradoxe : un bateau qui va vite n’a pas besoin de voile – il utilise une aile rigide — et un bateau sans voile n’a plus besoin de marins et un bateau sans marins ne raconte plus une histoire. La vitesse importe peu. Le fait est que les terriens sont beaucoup plus fascinés par le temps passé en mer que par la vitesse sur l’eau. »

Le débat est ouvert.
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