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Il n’y a jamais eu tant de manières de faire du sport, d’avoir une activité physique. En l’espace de cinquante ans, disons approximativement entre 1970 et aujourd’hui, l’univers sportif s’est profondément transformé. Les disciplines traditionnelles, qu’elles soient d’origines européennes comme le football, le rugby et même la voile, ou asiatiques comme les arts martiaux demeurent, mais beaucoup d’autres pratiques et autres mixages sont apparus, brouillant les figures imposées, mais multipliant les possibilités. Le surf, la grimpe ou même le crossfit par exemple.
On perçoit bien aujourd’hui que beaucoup de nouvelles approches vont dans le sens du développement personnel, de la culture du physique (versus la culture physique comme le notait avec habileté le quotidien suisse Le Temps) de la sensation, du plaisir, de la recherche d’équilibre (le renouveau du yoga), et même servent une certaine forme de quête plus large. Il n’y a pas d’un côté le corps, de l’autre l’esprit. C’est d’ailleurs l’enseignement des arts martiaux qu’ici on réduit trop à la compétition, en particulier le judo avec la collection de titres de Teddy Riner.
L’innovation dans le sport peut être de diverses natures. Nous avons souvent tendance dans nos sociétés modernes à nous focaliser sur l’innovation technologique, mais la nouveauté est souvent d’ordre culturel. Beaucoup de disciplines restent figées dans leurs règles, c’est parfois très bien ainsi, d’autres univers sportifs évoluent sans cesse, s’ouvrent à d’autres influences. Leur ADN est ailleurs que dans les codes, c’est ce qui fait leur sel, leur différence.
Des esprits libres portent un autre regard, s’affranchissent justement des cadres et des règles, innovent, testent, jettent des passerelles entre les disciplines sportives, les sports de combat, le yoga, l’expression corporelle et même la danse. Ces mouvances, ces tendances nourrissent le champ des pratiques possibles même si elles sont rarement prises au sérieux. Jusqu’à ce qu’elles obtiennent l’adhésion, la reconnaissance quand ce ne sont pas des résultats.
Ido Portal s’est fait connaître en entraînant Connor Mc Grégor. Quand on le questionne sur la vidéo dans laquelle on le voit lancer des cartes à jouer à la figure de la star du MMA… il répond : « Cet exercice lui a appris à passer rapidement d’un plan A à un plan B, voire à un plan C, en cas de nécessité. Dans un combat d’arts martiaux mixtes, vous ne savez jamais si votre adversaire veut vous taper, vous lancer, vous donner un coup de pied ou vous étrangler. Lorsque je lance des cartes sur vous, vous faites des pronostics sur leurs directions de vol. Mais les cartes changent de direction en permanence. Vous devez donc changer et adapter votre plan en conséquence. »
Son approche nous ramène à Alain Berthoz, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de Claude Bernard, et directeur du laboratoire de neurophysiologie de l’action. Son livre, dont le titre est justement Le sens du mouvement, « veut montrer – ce que les philosophes comme Sartre ou Merleau-Ponty ont prétendu – comment nous pensons avec tout notre corps. Aux cinq sens traditionnels – l‘odorat, l’ouïe, la vue, le toucher et le goût – Alain Berthoz en ajoute un sixième : la kinesthésie ou sens du mouvement. On l’a oublié parce qu’il n’est pas apparent, les capteurs kinesthésiques se trouvant répartis dans tout le corps et non pas concentrés dans un organe spécifique. Et pourtant, il y a un plaisir du mouvement, exécuté ou perçu, comme il y en a un de chacun des autres sens. Or, il n’y a pas de mouvement sans pensée. Nous prenons la décision de marcher, de courir, de sauter, de danser, avec l’intention d’aller d’un endroit à un autre. Nous sommes donc capables d’évaluer une distance, de programmer une trajectoire et parfois très vite comme lorsque nous dévalons une pente à skis. Le sens du mouvement nous oblige à revoir notre conception du cerveau. D’une part, ce n’est pas un ordinateur qui calcule à partir d’informations fournies par les sens, c’est un simulateur qui fait des hypothèses sur la possibilité de réaliser tel ou tel mouvement et qui charge les sens de les tester dans la réalité. »
Le sport est effectivement, avant tout, un mouvement, notre obsession de l’objectif, la compétition, la victoire dans le cas du sport spectacle, nous fait souvent perdre de vue l’essentiel. Pourtant le surf, le skate, la glisse dans son ensemble, mais l’escalade nous ont ramené vers la chorégraphie. A minima vers le plaisir du « geste ». Dans nos vies à tous, ce n’est pas la victoire souvent si futile qui importe, mais ce que nous apporte le sport. Ce qu’il nous enseigne sur et nous permet avec, notre corps.
Le débat n’est pas nouveau. Encore une fois, il faudrait en revenir à la vision du sport dominant et sans adhérer forcément totalement à ce que disent Jean Marie Brohm ou Paul Ariès, accepter que le discours sportif ait besoin de renouveau. Ne nous y trompons pas d’ailleurs, la raison pour laquelle nos fédérations ne séduisent qu’une infime partie de leurs pratiquants est bien le signe que la plupart des passionnés ont compris que ce discours dominant n’était pas pour eux.
Portal est surprenant, inattendu. Il cite Jackie Chan et Charlie Chaplin, parle équilibre, perception sensorielle, jeux, instincts, roulade dans l’herbe. Quand d’autres s’obstinent sur des termes qui ne parlent plus à personne : goût de l’effort et discipline par exemple. Ses vidéos ne laissent pourtant aucun doute sur ses capacités, ce qui rend son discours si séduisant.
À l’heure ou le sport français, dans l’optique des Jeux de 2024, mais aussi des objectifs du ministère (3 millions de sportifs en plus pendant la mandature) essaye de se réinventer, mais dont les acteurs ont du mal à changer de registre culturel justement, Ido Portal et tous ceux qui emmènent le sport vers d’autres horizons devraient être autant de sources d’inspirations. Notamment quand on parle de sport et de banlieue…
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