« Dans le peloton, il y a moins de place pour la joie, le bonheur et l’instinct. Il n’est plus question que de calculs et de données de puissance. Il y a des gars qui finissent la course en regardant leurs watts, leurs records, mais qui ne s’intéressent pas à la course, à ce qui s’est passé en course. Pour moi, ce n’est pas ça, le vélo. »
« Le plus important pour moi, c’est de rester moi-même. Beaucoup de choses ont changé, parfois en bien, mais il faut évoluer avec son temps. Je ne suis pas en colère contre le cyclisme d’aujourd’hui, je me contente de profiter. Les datas ont pris beaucoup d’importance, mais moi, j’aime continuer à courir à l’instinct. Je ne regarde pas les datas. Parfois, oui, mais j’écoute beaucoup mes sensations. »
Ce sont deux extraits d’une interview de Julian Alaphilippe, 32 ans, double champion du monde de cyclisme sur route, pour RMC Sport.
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Il exprime très clairement un virage de plus dans l’histoire du peloton. Ce qui nous intéresse, c’est l’aspect culturel que traduit bien la phrase : « Pour moi, ce n’est pas ça, le vélo ». Alaphilippe va vers la fin de sa carrière et il est permis de penser que, pour les nouvelles générations, le vélo, ce sera précisément ce dont il parle : à savoir les datas au détriment de l’aspect émotionnel. Ou, pour le moins, que « la joie, le bonheur et l’instinct », dont il parle au début, passeront, pour les plus jeunes, désormais par les datas.
La réflexion est à mettre en perspective avec le suivi de données que tout un chacun peut faire en revenant de sa séance de running ou de vélo via les applications des montres connectées et/ou des plateformes comme Strava.
Encore une fois, au risque de se répéter, le sujet n’est pas de porter un jugement moral sur l’avant/après, mais bien d’imaginer quel référentiel sera celui des générations qui arrivent.