On ne peut pas « résumer » les Jeux Olympiques de Paris, il est illusoire de vouloir synthétiser cette somme incomparable d’événements successifs. Chacun retiendra sans doute quelques images qui auront marqué durablement sa mémoire.
Ce que nous avons pu ressentir derrière notre écran ou sur place à Paris, ne se réduit à ce plan du parcours de l’épreuve de vélo à Montmartre, les photos extraordinaires sont visibles ici, mais elle illustre, elle condense quelque chose d’essentiel : l’imbrication totale du sport dans la ville, dans la vie, dans la société qui aura marqué Paris 2024.
Dans l’absolu, puisque l’extrait choisi parle de vélo, le Tour de France réalise cette prouesse depuis longtemps, mais l’ampleur du lien, voire de la communion entre le public et l’événement parisien en multiplie l’importance et la résonnance. Nous aurions pu choisir un instant du skate, du triathlon, du marathon.
Attentif aux J.O, mais dubitatif aussi, il ne nous était pas facile de mesurer combien cette édition avait été imaginée et organisée pour investir totalement la ville, la rue, les places, peut-être aussi parce que la très longue couverture médiatique qui l’a précédé n’en laissait entrevoir que les désagréments.
Évidemment le succès du sport de demain ne se construira pas forcément sur les bases de cette invasion de la ville par un événement sportif, mais la présence de la foule partout, de tout âge, l’engouement permanent sur les fan zones, a montré combien le sport sous toutes ses formes ou presque pouvait irriguer la société et il faut espérer que les Jeux para-olympiques entraineront aussi un large public, car comme le soulignaient plusieurs athlètes comme Bebe Vio, ils seront aussi une compétition très disputée.
Revenons au sport. Les compétitions de judo, de natation, de basket, de lutte, d’athlétisme nous ont donné à voir la facette la plus passionnante du sport de haut niveau, le surf ou la grimpe venus d’univers sportif culturellement différent se sont finalement bien intégrés (à contrario du break dance) il n’en demeure pas moins que demain, il va falloir apprendre à parler sport sans forcément faire référence à la compétition, à la sélection, aux sacrifices, à l’effort, la douleur, la blessure, bref aux composantes du haut niveau pour espérer convaincre jeunes et moins jeunes de pratiquer puisque dans nos sociétés modernes, de plus en plus sédentaires, le sport est – aussi – un moyen de rester en bonne santé et une source de plaisir la plupart du temps.
Maxime Sauvage, le secrétaire national du PS en charge des sports et premier adjoint à la mairie du XXe arrondissement a déclaré : «Nous avons besoin d’une vision qui place l’activité physique au cœur de la vie des gens, de l’école à l’Ehpad».
D’après Sylvie le Vigouroux, présidente de la Ligue de Bretagne de handball « Avec près de 30 000 licenciés sur toute la Bretagne, les clubs manquent déjà de créneaux et d’encadrants. Les clubs sont obligés de refuser de nouveaux venus …».
Guillaume Dietsch, auteur du livre Les jeunes et le sport, par ailleurs enseignant en STAPS | et agrégé d’EPS fait un constat : « Les freins à la pratique sportive sont connus : une santé fragile, des différences de sociabilité, le cumul des contraintes professionnels, scolaires et familiales, le désintérêt pour le sport, ou encore le coût et l’inadéquation de l’offre sportive. Les JO ne peuvent masquer les réalités sociales ».
Enfin, le journal Libération titrait son édition du mardi 13 aout : après les J.O, tous au sport, en pointant le fait que de nombreux Français se disent prêts à se lancer dans une activité sportive mais en soulignant : « Encore faut-il que les moyens et les équipements suivent.
On le voit, le « chantier » est donc conséquent. Les J.O ont été un spectacle auquel la majorité a pris goût et devront servir de levier. Il faudra aussi que les institutions, et principalement les fédérations n’oublient cependant pas que la compétition n’est pas la principale motivation pour faire du sport, loin s’en faut, que depuis les années 60/70, une vraie révolution culturelle a mis le sport cul par-dessus tête, qu’aujourd’hui il faut effectivement une vraie vision sportive qui permette à toutes et tous de comprendre quelle place le sport peut prendre tout au long de sa vie et de s’orienter vers la haut niveau ou comme le disait Boris Cyrulnik, vers le sport de petit niveau.