« Je pense que le surf est plus proche de l’art que n’importe quel autre sport. Tu dessines des trajectoires improvisées à chaque fois. Je pense que c’est un art comme la danse. On est juste sur une scène liquide! »
Peu de gens le connaissent mais nombreux sont ceux qui ont entendu parler de sa fille. Il fait partie des personnages incontournables de l’univers du surf. Un homme qui a vécu une vie sous le signe de l’océan et des vagues et qui en aura tiré le meilleur parti.
John Severson nait en 1933 et dès 1945 ses parents s’installent à San Clemente en Californie. On fait pire comme endroit pour attérir. Le Pacifique lui tend les bras et deux ans plus tard, commence alors pour Serverson une grande histoire, celle du surf. Elle ne s’arrêtera plus mais pour lui cette passion va prendre une ampleur peu commune et va l’emporter dans plusieurs et très complémentaires directions. Dès le débuts des années 50, John peint ses premières toiles alors qu’il suit de études d’Art à Long Beach. C’est un artiste, un pur créatif et il le restera.
En 58 son histoire prend une vraie tournant puisqu’il lie sa passion du surf et de l’image pour produire une série de films de surf. Des films pour la plupart introuvables aujourd’hui mais qui vont devenir des véritables références. John les présente lui-même lors de projections publiques, un peu comme le fera quelques décennies plus tard, Yves Bessas en France avec les débuts épiques de l’association Uhaïna (la vague en basque) qui sera à l’origine du phénomène de la « glisse » aux tous débuts des années 80. L’un des premiers films de Severson est réalisé à Hawaii où il effectue son service militaire. A l’époque, le surf n’a pas la même image qu’aujourd’hui. Il est issu de la contre-culture et les surfers sont une minorité.
En parallèle de ses films, il édite un livret, The Surfer, qui se transformera bientôt en publication. Il conçoit aussi les affiches qui sont un exemple supplémentaire de ses capacités graphiques. Pour finir Surfer Mag deviendra une revue qui sera longtemps considérée comme la bible des surfers. C’est d’ailleurs à la suite d’un article dans Surfer écrit par Joël De Rosnay qu’américains et australiens débarqueront en France aux débuts des années 60 et initieront dans l’hexagone le virus de la vague. A ce jour Surfer est toujours un des principales revues américaines, toujours distribuée dans le monde entier, et le titre a été lue par plusieurs générations de surfers de part le monde. Il quitte cependant sa création en 1971 et part s’installer à Hawaii à la poursuite d’une autre quête.
Qu’ajouter sur John Severson. Tant d’autres choses. C’était un excellent surfer bien sûr, parmi les plus remarqué de son époque. Il a été aussi un photographe de surf qui a marqué son temps. Certains de ses images sont restées comme des vraies références : celle de Miki Dora à Rincon en 1961, celle de Greg Noll bien sûr, sur la plage face à Pipeline ainsi que celle de Donald Takayama vers 1961 surfant Ala Moana. En 1971, John s’installe donc à Mauï avec Louise sa femme et ses deux filles. Là encore, il est un précurseur puisqu’à l’époque tout le monde préfère Oahu. Il se consacre à la peinture qu’il pratique depuis toujours et bien sûr continue de surfer. C’est sans doute ses talents picturaux qui font de lui un homme à part. Surfer, photographe, cinéaste, éditeur, il restera aussi comme une peintre de talent. Quelqu’un qui au travers d’un vrai univers pictural aura magnifier le surf.
En 1969 il écrivait dans Surfer « l’an passé une nouvelle équipe s’est constituée, qui a extrait Surfer du moule dans lequel il se complaisait. Sûr, au plan graphique, nous étions bons. Bons également dans la matière écrite, et souvent nos illustrations étaient de qualité. Mais étions nous véritablement le reflet du surf et de nos parcours personnels ». La ligne de Surfer pris alors une orientation radicalement différente mêlant. Serverson était de ceux qui se remettent en cause ce qui n’est pas une qualité très répandue. Quel éditeur se sent aujourd’hui concerné par la qualité des photos et dans la charge graphique ?
En 1982, sa fille devient championne du monde de vitesse en windsurf. Jenna ne s’appelle plus Serverson mais De Rosnay après son mariage avec Arnaud. Frère de Joël, lui aussi surfer émérite et qui passera au windsurf après une vie mouvementée qui le vit être tour à tour inventeur de jeu, reporter pour Paris Match, pilier de la Jet Set et pour finir windsurfer pro en quête de détroit mythiques à mettre sous sa carène. Une passion dévorante qui le verra disparaître en mer de Chine le 24 novembre 1984.
Enfin, l’édition française de Surfer’s Journal (et l’américaine of course) lui a consacré un très grand reportage dans le numéro de Juillet/aout 2001. Un reportage sur toute sa vie et ses oeuvres sur 40 pages. Oui vous avez bien lu 40 pages…. A l’heure où la presse généraliste saucissonne les sujets pour essayer de plaire à tout le monde, ça fait rêver… John Serverson vit toujours à Maui.
John Serverson surwww.surferart.com,
Planches de vie, un sujet sur lui dans Libération en 2005
Un sujet dans Tracks (Arte) toujours en 2005
Le site d’Anna, le deuxième fille de Severson, elle aussi peintre