Kilian Bron, pilote de VTT ultra talentueux, mais aussi, metteur en scène de son sport et de son « mouvement », en compagnie dans ce film d’une bande d’illustres figurants, dont Vincent Reffet, disparu récemment et auquel le film est dédié.
Du base jump, du wingsuit, du snowboard, du surf foil, de la grimpe, de l’exploration, du trail, du speedriding, et pour terminer un singletrack, posé sur une arête de montagne dévalée au coucher de soleil.
Dans l’absolu rien de nouveau, ce mix présidait déjà aux Nuits de la Glisse inventées par Yves Bessas, et Maritxu Darrigrand (dès 1979), mais un film qui synthétise à merveille une mouvance globale, qui a révolutionné la pratique sportive, et souligne avec talent la capacité d’innovation permanente, tant sur le plan culturel (création ex nihilo de pratique), que sur celui du matériel qui l’a caractérisée.
La glisse et l’outdoor, deux phénomènes qui se sont accompagnés de l’émergence de nouveaux acteurs économiques (dont des leaders mondiaux) et de « tribus » (Maffesoli). En d’autres termes de nouvelles communautés sportives (bien avant les réseaux sociaux) et qui se sont affranchies du cadre restrictif du sport traditionnel.
Ce film souligne enfin un trait spécifique aux sports suscités : la culture visuelle, la viralité par l’image, fixe ou animée. Cette caractéristique culturelle préexistait dès la fin des années 60/70 en surf par exemple grâce aux revues spécialisées et aux films mais son impact a été décuplé à partir des années avec l’arrivée de l’image numérique, d’internet, plus tard avec la GoPro et enfin l’arrivée du drone miniature. Un ensemble d’outils qui ont permis de réinventer le récit sportif, de l’augmenter, de le déplacer.
Kilian Bron, comme d’autres nouveaux sportifs, a un solide palmarès mais son côté « bankable » aujourd’hui, tient à ce qu’il produit : du rêve, de l’envie, de l’identification. De l’image, du récit. Du mouvement « libre ».