Commençons par un petit rappel. Le marché du vélo se porte très bien en France et le VTT en représente une part conséquente. Il s’est vendu en France 2 785 300 vélos en 2013 (chiffres donnés en avril 2014 par le CNPC), total en très légère diminution par rapport à 2012 (-1%). Par ailleurs, l’attrait du VTT ne se dément pas avec 49,6% de part de marché, soit près d’un vélo acheté sur deux.
On observe une croissance soutenue des VAE: +17,5% en 2013 donc sans doute au moins autant en 2014, pour un total de 56 000 exemplaires vendus. A titre de comparaison, il s’en vend tout de même 192 000 en Hollande et surtout 410 000 en Allemagne.
Une fois, ces bases chiffrées posées, revenons au vif su sujet. Quelle est aujourd’hui la réalité du VTT électrique et que peut-elle changer dans la pratique ?
Sur le terrain aussi bien que dans les médias, le ton concernant les VTT électrique n’a réellement changé que courant 2014. L’intérêt était là avant mais les modèles pas vraiment conformes à ce que l’on pouvait en attendre. Aujourd’hui plusieurs marques sont présentes sur ce créneau dont le français Lapierre avec l’Overvolt (mais l’américain Specialized n’y figure pas encore) et le niveau de « prestations » commence a être réellement convaincant.
Il y a pour l’instant deux motorisations disponibles, l’une produites par Bosh, l’autre par Yamaha. On aurait aimé qu’un fabricants français ait parié sur cette évolution, même si elle a tardé à se concrétiser. L’assistance électrique est très convaincante, l’autonomie dans le cadre d’une pratique tout-terrain devient très acceptable. Notre avis est basé sur certains retours terrain et sur un essai réalisé au mois de mai dans le sud de la France sur un GIANT Full E1, équipé du bloc Yamaha. Attention, on parle bien d’assistance électrique, à aucun moment un VAE n’avance tout seul, sauf en descente comme un vélo normal.
La technologie va sans doute beaucoup progressé dans les années à venir, les prix baisseront également. Le VAE ne va pas remplacer le vélo traditionnel mais peut changer la pratique à plusieurs niveaux, notamment en ce qui concerne le VTT :
- un pratiquant(e) peu entrainé(e) ou occasionnel pourra suivre le rythme d’une groupe plus véloce
- un pratiquant plus âgé pourra suivre une groupe plus jeune ou continuer à faire des parcours difficile
- un pilote de VTT à la recherche d’engagement, de pilotage et de plaisir pourra faire une circuit plus long dans une même période de temps mais il attendra de son VTT qu’il ait des qualités dynamiques (hors propulsion) suffisamment proches de son vélo « normal ».
D’autre part, l’aspect ludique du VTT, l’immersion dans la nature, le pilotage, prendra davantage d’importance par rapport à l’effort, conséquent en VTT, tout en maintenant une dépense physique intéressante en termes sportifs.
Les amateurs de Cross Country dont l’esprit est assez proche du cyclisme traditionnel et qui font donc du vélo pour produire un effort, ne seront pas forcément les plus sensibles à cette technologie. Mais encore une fois, elle peut transformer leur pratique en la déplaçant à un autre niveau : plus de kilomètres, à un autre rythme. C’est tentant. Ceux qui pratiquent aujourd’hui l’Enduro, la discipline en vogue pourraient voir l’assistance électrique d’un très bon oeil si les VAE gagnent en légèreté, en agilité. Pour l’instant, le surcroit de poids les rend un peu patauds. Les pilotes de descente n’en ont pas besoin, à moins qu’on envisage la pratique différemment. Remonter sans pousser, pouvoir faire de la descente ailleurs qu’en station. Très tentant…
En conclusion. un vélo est par nature un engin mu par l’énergie humaine. L’assistance électrique était jusqu’à présent peu convaincante et le surcroit de lourdeur « dénaturait » l’idée même du vélo (et ses performances) pour un passionné. Aujourd’hui, on peut envisager qu’elle puisse transformer son usage, notamment en VTT en le rendant encore plus ludique et en repoussant les limites humaines justement. La grande majorité des usagers devraient y être sensible. Le surcroit de poids et d’inertie du vélo peut faire réfléchir un pratiquant habituel mais il y a fort à parier que l’extension de l’utilisation attire un nouveau public moins à cheval sur la « philosophie » du vélo.
Toutes les pratiques liées au tourisme en montagne et même en plaine, pourraient tout à fait bénéficier de l’indéniable potentiel « plaisir » du VTT à assistante électrique. Notamment en attirant toutes celles et ceux qui sont rebutés par l’effort nécessité par un « vélo » standard et qui par le biais de la location ponctuelle (comme en ski) pourraient venir à cette nouvelle activité
La marge de progression est donc très conséquente. Et ne parlons pas de la ville….