Rediffusion. Billet initialement publié le 4 aout 2014. Va tellement bien avec le débat actuel sur le running et avec notre vision du sport en général.
Le sport a commencé a changer à la fin des années 1970. Emergeaient alors d’autres valeurs issues de la contre-culture, des valeurs plus « existentielles » qui renversaient la proposition du sport traditionnel, normatif et chiffré. Ce changement total des références s’est parfaitement illustré au travers des sports de glisse, et la planche à voile en est le parfait exemple au début des années 80. L’univers du ski fut également touché dans les années 70 avec les premiers freerideurs à Chamonix mais c’est bien l’arrivée du snowboard au milieu des années 80 qui en ébranlera durablement les bases avec à la clé des répercussions économiques.
L’image de la course à pied a commencé a évolué au même moment, notamment sous l’impulsion de Nike, qui a contribué à l’extraire partiellement du strict cadre de l’athlétisme à la papa. La course à pied ne fait pas à proprement parlé, partie des sports alternatifs mais on peut observer qu’aujourd’hui le trail l’emmène dans l’univers de l’outdoor et que des personnalités fortes comme Kilian Jornet font même la jonction avec la montagne. Ce qui est découlera en termes d’images donc de pratique donc de marché n’est pas négligeable. Mais là n’est pas le propos.
Ronnie Goodman ne court pas pour un résultat, il court pour des motifs identitaires. En un certain sens il court pour survivre. Le succès des grands marathons de masse a traduit d’une autre manière ce qui changeait dans le sport. La confrontation non pas prioritairement avec les autres mais avec soi-même, l’accomplissement personnel, la volonté de rester en vie cachée sous la volonté de rester en forme, la recherche du plaisir dans le geste, dans la poursuite d’un but. Mais pas de victoire sur « l’autre », pas de parallèle guerrier. L’exemple de Ronnie est extrême, mais il montre qu’un sport est avant tout un motif d’équilibre.
Effectivement, aujourd’hui, les nouvelles disciplines sportives, ou les nouvelles déclinaisons des anciennes vont bien plus loin que a simple recherche d’une performance ou d’une hiérarchie et ça change tout. En particulier la place de la compétition sous sa forme traditionnelle et le rôle des fédérations la plupart formatées pour une vision de la pratique sportive qui a besoin de se renouveler .