J’ai eu, avec grand plaisir, une longue conversation hier avec Yves Bessas, l’instigateur des Nuits de la Glisse aux débuts des années 80, époque où le net n’existait pas, où la TV ne parlait jamais de ce genre d’activité et où il fallait aller voir des projections comme les Nuits de la Glisse justement, les Galas de la Mer ou les Galas de la Montagne Salle Pleyel à Paris (le titre parait désuet mais je peux vous assurer que c’était cool). Nous avons évoqué beaucoup de sujets dont celui-ci, raison pour laquelle je remet le post en tête de gondole (publié initialement en février 2014). Quel est le propos ? La formation d’un courant de pensée dominant qui marque, voir domine un sport. Un exemple : dans le surf, le développement à outrance mené par les majors du surfwear.
Le surf a beau être un sport plus « libre » qu’un autre, dans le sens où sa pratique n’implique pas un terrain avec des dimensions données et des règles strictes et ceci est un exemple parmi d’autres, le surf disais-je donc produit malgré tout du « format ». Les tendances les plus marquées génèrent de l’influence. La compétition notamment puisqu’elle est médiatisée. Les coureurs exploitent un type de matériel que beaucoup de jeunes passionnés vont désirer utiliser. Les riders sponsorisées et connus vont produire un « exemple », auquel s’identifier. Le style de Martin Potter a sans doute donné des idées à pas mal de gamins dans les années 80, et l’influence de Kelly Slater et de son shaper Al Merrick plus tard est également indéniable.
La partie la plus médiatisée va donc avoir sur le sport un plus grand poids, un effet plus marqué, c’est en ce sens qu’elle formate le plus grand nombre et c’est précisément l’effet recherchée par les marques. Ce n’est pas une critique (quoique..), c’est un constat et ce qui est vrai pour le surf s’est également vérifié en windsurf et aujourd’hui en kite. Le mécanismes a des aspects positifs, on peut également constater quelques effets pervers. En windsurf notamment, la matériel a été développé principalement par des coureurs ce qui a eu pour effet de mettre à disposition des passionnées du matériel en constante progression, mais en générant une pratique élitiste, beaucoup de pratiquants ont décroché au fil des années. En kite, par ailleurs, le freestyle à longtemps été le maître étalon de l’image, du développement produit. Or peu de riders vont veritablement du « freestyle ».
L’intérêt de la vidéo qui suit est qu’elle est justement hors des grands courants. Alex Knost, considéré comme un des longboardeurs les plus stylés au monde, avec Joël Tudor, est justement un surfer « hors normes » au sens littéral du terme. Cette vidéo également. Elle est de toute beauté et elle nous ramène à une vision différente du surf. Moins agressive, moins acharnée, moins radicale mais plus stylée. Un contre-exemple séduisant.