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Les JO n’ont plus le monopole du récit sportif

Très récemment, Tony Estanguet a communiqué de façon très officielle, un peu pompeuse pour tout dire, sur les Jeux paralympiques et madame la ministre Amélie Oudéa-Castéra, s’est également exprimée, quant à elle sur un plan plus général lors d’une interview à la radio. Les deux fois, et les précédents sont nombreux, il s’agissait du fameux « récit » que porteront les prochains Jeux olympiques de Paris. La France doit devenir une « nation sportive » et globalement, Paris 2024 « va tout changer ».

Recevoir les Jeux olympiques est évidemment un moment fort pour un pays, la portée géopolitique de l’événement ne fait plus aucun doute depuis 1936, que Paris ait été choisi pour 2024 nous réjouit. Cependant, la terre ne tourne pas autour du CIO, les pratiques sportives se sont profondément métamorphosées depuis les années 1970, reflétant les aspirations de la société. En une phrase, nous avons assisté au déclin de la discipline au profit de l’autonomie.

Le récit des JO, on le connait et dans le contexte actuel, le « Plus haut, plus loin, plus fort » a un peu de plomb dans l’aile. Le sujet environnemental nous commande de revoir notre vision du monde, le sport ne peut s’exclure de cette réflexion. Aurélien Barrau pourrait devant le CIO sortir la même artillerie qu’au Medef. Les JO sont un moment fabuleux, mais c’est aussi l’élite et la haute performance donc la sélection, le travail et la discipline quand dans la société et le travail, les nouvelles générations montrent qu’elles désirent privilégier d’autres valeurs, et même si certaines « épreuves » (les mots ont un sens) nous transportent encore, la philosophie globale repose sur une vision très datée. Y saupoudrer de nouvelles approches sportives que ce vaste système n’hésite pas à dénaturer au passage n’y change pas grand-chose. Les JO, c’est le vieil oncle avec qui on dîne une fois par an, avec sa coiffure et son discours d’un autre âge, pour qui on a de la tendresse, mais qui nous fatigue un peu.

Nous n’essaierons pas ici de discuter de la légitimité du sport de compétition, de son bien-fondé, même les mots d’Albert Jacquard se sont évanouis. Par contre, nous suggérons aux plus hautes instances sportives de ne pas oublier que la conception « fédérale » du sport ne synthétise plus, et depuis longtemps les attentes de tous les sportifs, que son projet ne peut donc pas prétendre résumer une politique sportive d’ampleur nationale. D’où la question du récit justement. Nous avions parlé du fabuleux documentaire de Netflix, Rising Phoenix qui porte sur les Jeux paralympiques, mais il reste porteur de l’idée de compétition, de l’idée de l’aboutissement que serait la victoire.

Comme nous l’écrivions à l’époque, Il n’y a pas qu’une vérité à propos des Jeux olympiques, juste des émotions et des opinions qui s’affrontent. Nous avons tous, en notre for intérieur, une vision du sport influencée par notre histoire et notre culture personnelle, et les JO y prennent plus ou moins d’importance.

Revenons au récit en lui-même. Des millions de gens de par le monde font du sport, ou se lancent un défi personnel qui n’est pas compétitif au sens strict du terme. Il y a d’autres récits sportifs que celui des Jeux olympiques, ce film qui ouvre cette réflexion, en est un magnifique exemple.

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