Archives codezero. Post initialement publié le 12 Mars dernier.
Jusqu’à présent, l’un des freins au développement des sports de glisse et autres sports alternatifs réside dans le fait que ceux qui sont du coté du sport traditionnel (adeptes, journalistes, fédérations, collectivités locales, médias) pensent que c’est un phénomène de marge, un mouvement alternatif justement et que la grande majorité des pratiquants est encore du coté du sport tel qu’il a toujours été pratiqué. A l’instant t, le constat peut, au cas par cas, se révéler exact mais trahit aussi un manque cruel d’anticipation et une lucidité très sélective.
Prenons le cas du vélo. Le Tour de France est toujours une institution malgré ses aberrations. Un sport où tricher est à ce point accepter comme un constitutif inébranlable est en effet sujet à caution, mais passons. Le Tour de France continue sa route sous anesthésie générale, c’est un spectacle dont le grand public accepte les dérives, mais le cyclisme en tant que tel au niveau des compétitions locales est à la peine. On peut aussi se poser la question des valeurs qu’il véhicule quand d’anciens sportifs dopés, condamnés ou exclus, restent populaires, deviennent consultant télé pour un sport dont il ont bafoué les règles, ou écrivent des livres pour lesquels on salue à posteriori leur « courage ».
En parallèle, d’autre formes de pratiques émergent mais sont peu promues par les institutions. Les disciplines alternatives sont d’ailleurs systématiquement ignorées ou minimisées par les fédérations incapables à la base de les comprendre. On a vu l’exemple désastreux du funboard avec la fédération française de voile. Pourtant, ces sports se développent et font de l’audience, à fortiori sur les réseaux sociaux, preuve qu’ils sont capables d’attirer un public, ce qui se vérifie sur le terrain. L’exemple récent le plus marquant est celui de la Red Bull Rampage. Non seulement les médias traditionnels se sont nourris de l’événement mais le run de Kelly Mc Garry, deuxième de l’épreuve, en est aujourd’hui à plus de 15 millions de vues sur U-Tube. Sur Facebook, des gens de toutes cultures et de tous horizons ont partager le lien.
Cette ignorance de l’écho véritable de ce genre de nouvelles pratiques fait pourtant manquer beaucoup d’opportunités économiques. Aujourd’hui, les nouvelles disciplines du VTT, très proches de l’esprit des sports de glisse, nous en avons déjà parlé dans ce blog, drainent des « clients » en région et en stations. Certaines stations de sports d’hiver l’ont compris. C’est beaucoup moins vrai pour le tourisme en région. Cette clientèle, pionnière, est souvent constituée de CSP +, arrivant en groupe et en famille. J’ai eu je crois l’occasion de l’écrire ici, la ville de Moab dans l’Utah, s’est en partie réinventée en prenant le train du VTT, idem pour 7 Stanes en Ecosse. En Espagne, la ville de Tarifa a exploité la ressource que constituaient les passionnés de windsurf, suivis quelques années plus tard par les fous de kitesurf quand par exemple la ville de Sanary dans le sud de la France a tout fait pour les repousser, et ce dès les années 90. Il y a heureusement d’autres exemples : la région Languedoc-Roussilon s’est aperçue il y a deux ans que le microcosme du kitesurf représentait chez elle, un petit tissu de PMI-PME qu’il fallait considérer et que les pratiquants locaux étaient nombreux, enfin que la clientèle des kitesurfers était une opportunité. C’est ce qu’on observe aussi à Dakhla au Maroc où dans des destinations comparables. Et je ne parle pas du sud-ouest de la France où le surf fait plus que partie du paysage où des nouvelles opportunités que le développement de surf des neiges a crée à une époque en station.
La glisse peut-être une opportunité économique à conditions que les décideurs « institutionnels » n’ignorent pas ou ne minimisent leur importance. Or c’est très souvent le cas.