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L’outdoor comme antidote à la vie urbaine. L’héritage de Thoreau, Muir, Mc Candless ou Tesson

La moitié de la population mondiale vit désormais en ville, les projections indiquent que c’est 75% qui sera urbaine en 2050. Dans de nombreux domaines, il faudra avoir cette donnée en tête. 

Analyse publiée initialement en octobre 2017.

On ne peut pas penser le sport de demain sans cette donnée qui conditionnera les désirs mais aussi les contraintes, donc les choix. On peut d’ores et déjà isoler deux options.

  • Quelles seront les types de pratiques des habitants des villes (adultes et enfants) quand ils seront dans les périodes travaillées ?
  • Que choisiront-ils de faire lorsqu’ils auront suffisamment de temps de libre ? week-end et période de vacances ?

Nous avons déjà des indicateurs dans deux disciplines très symboliques.

  • La grimpe se développe aujourd’hui en salle. Cette passion, évolution de l’alpinisme, qui se nourrissait de parois rocheuses, et de grandes espaces a muté vers une pratique indoor. Le geste est resté, l’environnement a changé. Les contraintes, la disponibilité, les distances auraient pu condamner ce sport à toujours plus de confidentialité ou de marginalité, c’est finalement le besoin de s’entrainer et de pratiquer, qui a poussé les grimpeurs à s’inventer un ersatz jusqu’à tomber sur un succès après coup.
  • Le surf tout aussi aspirationnel pourrait passer des rivages lointains aux espaces commercialisés des machines à vagues. Là aussi, le cheminement n’est pas sans raisons et aura quelques vertus si l’on accepte de vivre avec son temps. Le surf n’y perdra pas son âme mais simplement son sens initial. Les vagues artificielles répondront aux mêmes besoins que les salles d’escalade.

Tout laisse à penser que ces deux sports connaîtront une mutation profonde,  sans doute sous l’influence de l’univers du gaming et du web, on peut imaginer que le succès de ses formules sera au rendez-vous. Mais qui peut en être certain… ?

2050 n’est pas si éloigné. Les villes d’aujourd’hui auront encore gagné en importance mais elles ne seront pas si différentes. Il y aura encore, et heureusement, beaucoup d’espaces sauvages à portée de trains, de voitures ou d’avion. Le besoin de nature inhérent à l’humain sera toujours d’actualité au moins pour une partie d’entre eux. S’extraire de l’univers urbain sera toujours une aspiration que les salles sans fenêtre et les piscines délimitées ne pourront éternellement satisfaire.

L’outdoor, le vrai, cet ensemble de pratiques sportives dont l’essence est ce besoin, encore humain, de nature sera toujours un moyen privilégié de s’exfiltrer des villes pour vivre parfois quelque chose de « simple », loin de l’agitation, du progrès et autre forme de modernité. Certes ce clip de la marque de vélo Kona met en scène, comme beaucoup d’autres acteurs de ce secteur, une version idéalisée (Au milieu court une rivière…) d’un WE loin de tout mais la proposition est séduisante. Elle devrait faire réfléchir les professionnels du tourisme car elle n’est pas isolée. A l’heure où les signaux faibles sur le rejet du tourisme de masse se multiplient, la piste d’une proposition plus responsable – qui plus est compatible avec des territoires jusqu’ici négligés, est la bienvenue. Enfin, vous noterez la place particulière du vtt électrique dans ces images. Les adeptes de l’interdiction devraient réfléchir. Puissent aussi s’interroger les professionnels du sport qui pour cause de 2024 ne voient plus qu’au travers du prisme de la compétition pour redonner une place à l’activité physique dans la société française. On rappellera que la compétition n’est plus depuis longtemps une motivation majoritaire. Aujourd’hui c’est l’expérience qui est recherchée, parfois au travers d’une épreuve c’est vrai mais contre soi-même. Les responsables sportifs peuvent-ils l’entendre ?

Thoreau, John Muir ou plus près de nous Christopher Mc Candless et Sylvain Tesson ont écrit à ce sujet, le besoin de nature. Ne rêvons pas, leur vision radicale ne convient pas à tout le monde mais l’outdoor, terme générique qui illustre cette envie d’être « dehors », que chacun décline à sa façon sera sans doute l’un des grandes tendances des années à venir et elle sera transversale. Ce n’est pas tout à fait un hasard si des marques comme Volvo, Peugeot ou Subaru s’emparent de cette promesse pour mettre en valeur non pas directement leur produit mais l’adéquation de leur marque avec l’époque et les aspirations de leur cible. Le goût grandissant pour les multiples activités et le point commun expérimenter sa liberté – entre beaucoup de pratiques aujourd’hui (glisse, grimpe, trail, SUP, kayak, camping 3.0, VTT, trek, pêche) en donnera une définition élargie.

Les américains ont un mot pour ça : wilderness

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