« Le bikepacking n’est ni une mode, ni un sport, ni une discipline. Il est une pratique, un état d’esprit : celui de voyager léger. Il est un fil tendu entre la petite contrainte du matériel et la grande liberté de tout le reste. Il est un plaisir sédimenté par accumulation de sensations. »
Ces mots, simples mais justes, sont extraits du numéro hors-série du magazine 200.
Ils ne résument pas tout, mais définissent avec finesse ce courant particulier, qui consiste à se saisir d’un vélo pour voyager en autonomie, ce qui, à l’époque du confort, du web, de l’abondance, mais aussi du train, de l’avion ou même de l’automobile, est un véritable pas de côté.
Allons au-delà du vélo : il y a aujourd’hui beaucoup de pratiques qui ne sont ni des modes, même si leur succès peut connaître des variations, encore moins des « disciplines » parce que si l’exigence peut être requise, l’effort et le sacrifice tant mis en avant dans le récit sportif ne font pas partie de leur colonne vertébrale. Elles ne sont pas uniquement des sports dans le sens où ce mot générique ne les résume pas vraiment.
Le bikepacking est sans doute un état d’esprit. Une façon d’emporter le vélo ailleurs que dans le périmètre du cyclisme, autant que d’être emporté par lui. On peut choisir de le goûter le temps d’un week-end, ou être jusqu’au-boutiste lorsque l’on parle de la Transcontinentale Race. C’est un monde un part, un courant, comme il peut y en avoir dans l’art ou la littérature.
Le surf n’a jamais été non plus un sport comme les autres. Même s’il a produit ensuite de la compétition, son essence était ailleurs. Le skate était si différent culturellement que son passage aux J.O. de Paris n’en modifiera pas son ADN initial. Il en va de même de la grimpe. Peut-être que dans ce cas précis, le culte de la performance scindera l’escalade en deux branches distinctes sans qu’il soit forcément nécessaire de déterminer de quel côté serait la morale, si ce n’est l’authenticité.
Le wingfoil pourrait être une mode pour certains, mais le downwind ou le freefly resteront, même s’ils ne concernent qu’une poignée de pionniers, parce que la proposition est trop enivrante et qu’elle implique un nouveau rapport avec l’ocean et l’énergie. Le snowboard nous a permis de penser qu’il n’y avait pas nécessairement besoin de piquets pour envoyer des courbes, ni de chronomètre pour trouver le plaisir.
Ce que ces mots remettent sur le devant de la scène, c’est qu’aujourd’hui le sport est un mot trop petit pour ce qu’il désigne, que nous aurions intérêt à élargir le récit et notre vocabulaire, clé essentielle pour convaincre ceux que le sport rebute, mais qui pourraient se mettre en mouvement pour d’autres raisons.
En termes de stratégie, d’actions, ça change tout.
Ce que ces mots rappellent aussi, c’est sans doute la notion de communauté émotionnelle.