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L’image est saisissante, à peine imaginable, la scène est pourtant réelle. Jusqu’à présent, dans l’actualité, les longues queues étaient davantage associées au champ sociétal, avec les attentes suscitées par les sorties d’un nouveau modèle de smartphones, quand auparavant elles illustraient le champ économique et plutôt le manque. Par exemple les situations de pénurie dans les pays en graves difficultés.
Ces hommes, et peut-être quelques femmes dans cette file, sont bloqués par leur nombre dans un passage où il ne faudrait pourtant pas s’attarder. Cette multitude est choquante dans un lieu associé depuis toujours à la rareté de la présence humaine. Il interroge puisqu’on imagine aussi ce genre d’expérience liée à une forme de solitude, de rapport direct et solaire avec la nature ici toute puissante. Du coup, quel intérêt ?
Cette photo, prise près du ressaut Hillary, légendaire dernière difficulté avant le sommet de l’Everest, sur le toit du monde, dans une zone que l’altitude rend mortelle, a fait le tour du monde et a provoqué de nombreuses réactions. Elle illustre toutes les dérives de l’homme « moderne ». Pourtant l’urgence serait de ne pas juger trop vite.
Le monde n’appartient à personne. A chacun cependant de juger où il peut aller. La montagne est une zone que l’on associe à des initiés dont les exploits nous font rêver. De quel droit, sur quelles bases, et quelle autorité, pourrait décider de qui sera cantonné dans le camp du rêve, les autres – happy few – étant autorisés à « réaliser ». D’autant qu’à l’Everest et ailleurs, l’histoire nous a appris que l’éthique des « initiés », les alpinistes, n’était pas toujours à la hauteur. Laissant leurs scories derrière eux.
Le monde est devenu marchand. La montagne, son accès, depuis toujours, fait l’objet de commerce. L’accompagnant est le « sachant ». A Chamonix ou ailleurs. Là aussi, qui peut se prévaloir de la définition d’une limite entre ce qui devrait être commercé et ce qui devrait en être exclu, dans un territoire de liberté.
La photo est choquante c’est une évidence. Elle pose des questions sociétales, éthiques et surtout morales. Chacun de ces hommes savait, bien avant d’arriver à ce passage critique qu’ils étaient trop nombreux à partir à l’assaut de la pente. Sans doute la somme payée valait résultat. Aucun sans doute, n’a voulu faire demi-tour poussant l’ascension jusqu’à l’absurde. La vanité peut tout submerger. On vend davantage que du voyage aujourd’hui. De « l’expérience ». Chacun en se réalisant risque donc de ne plus se fixer aucune limite dans ce monde où il faut montrer qui on est, ce qu’on fait. Faire l’Everest, chacun pense y avoir droit.
Ces gens participent à la destruction de leur rêve. Est-ce le propre de l’homme ? Il faut chercher à comprendre, car le mécanisme se reproduira ailleurs. Il faut trouver la source du problème, elle est sans doute dans les valeurs. Chacun peut peser, agir en choisissant entre ses désirs, son égo et le monde. C’est même un choix qui devra se poser de plus en plus à nous. Les situationnistes parlaient de dictature de la marchandise. Or, le rêve est devenu une marchandise.
Ce que nous dit cette file c’est que le commerce transforme parfois l’or en plomb que l’homme ne peut pas espérer continuer à « jouir sans entrave » comme disaient justement les situationnistes et les soixante-huitards. Leur slogan est sans même apparaître, devenu le terreau d’une activité économique dense. À l’avenir, en montagne, en mer, en outdoor, chacun devra être arbitre de lui-même. Changer le monde commencera par se changer soi-même.
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