Archives codezero. Parmi les sujets récurrents de ce blog, on trouve les nouvelles tendances du VTT. Ce post a été initialement publié le 24 mars dernier et c’est une MAJ que vous lisez, notamment les chiffres de l’audience FB – impressionnante- des médias spécialisés. On rappellera aussi que le célèbre « run » de Kelly Mac Garry lors de la Red Bull Ramage 2013 a été vue pour l’instant près de 24 millions de fois
Cette vidéo illustre parfaitement ce qu’est aujourd’hui la pratique « moderne » du VTT. En particulier parce qu’elle n’est pas radicale et qu’elle colle parfaitement avec ce qu’on écrit deux chercheurs Aurélien Niel et Olivier Sirost dans leurs travaux « Pratiques sportives et mises en paysage » (Editions de l’E.H.E.S.S) : « … plus de sept européens sur dix sont des citadins…. Dans ce contexte, l’homme occidental exprime un puissant désir de nature… Souvent considérés comme une soif de liberté, une recherche de calme ou d’aventure, les sports de pleine nature peuvent être également perçus comme une façon spécifique et toute contemporaine de faire l’expérience de la nature. »
Le sport comme expérience esthétique. C’est en ce sens qu’il n’a plus rien à voir avec le cyclisme. Il y a cependant un autre aspect…
Depuis quelques années, les nouvelles pratiques du VTT, reviennent vers ce qui semblait être l’esprit des pionniers : la montagne, la pente, le jeu, les sensations. C’est ainsi que se déclinent les nouvelles façons de faire du vélo, le freeride, l’enduro, la descente, le slopestyle. C’est en effet au milieu des années 70 en Californie que le mountain bike est né. Quelques allumés se disent qu’il serait sans doute amusant de descendre la montagne en vélo.
Le but était bien de pratiquer le vélo autrement et l’idée n’a pas changé. Il est toujours question de choisir une voix différente de ce que propose le cyclisme, pour lequel l’unité de mesure est l’heure, le kilomètre, l’effort et dont le modèle de pratique est finalement la compétition sur route avec tous les travers qu’on lui connait. Avec les nouvelles pratiques du VTT, la culture glisse est désormais sur deux roues.
Pas question ici de bitume, de col à gravir, encore moins de boyaux, ni de testostérone exogène mais de single tracks, de step down, de transfert, de slopestyle ou si vous préférez d’évasion dans les collines avec un vélo doté de gros pneus…
Voilà, c’est ça, le vélo a accouché d’un nouveau monde
De nombreux kiteboarders, surfers, windsurfers sont attirés et/ou pratiquent le « nouveau » vélo, le « gros » vélo, celui avec lequel ce ne sont pas les heures d’effort qui comptent, mais les appuis, les courbes, la « ligne », les sensations. C’est exactement ce que dit Alain Loret « Nouvelles consommations sportives et nouvelles stratégies (2004), »
« Tous les acteurs institutionnels et industriels prônant encore la tradition sportive assistent médusés à une recrudescence de créations sportives se voulant à contre courant. Ils constatent l’exploitation d’un vocabulaire inusité mais lourd de sens, l’investissement de sites totalement surréalistes…Loin des disciplines, des hiérarchies, des codes d’arbitrages et des mesures, ce sont bien des normes inédites qui s’élaborent sus nos yeux. Elles distinguent la participation de la confrontation, la connivence de la domination, la personnalisation des comportements, de leur subordination institutionnelle, le libre arbitre de l’arbitre, l’émotion de la raison. …De nos jours on n’escompte moins le résultat mesuré du geste sportif que l’étonnement produit par un geste sportif vécu comme créater de plaisir et de sensations. «
Dernière précision. Il serait erroné de penser que cette discipline est réservée aux jeunes. Une nouvelle génération de sportifs est arrivée avec la planche à voile aux débuts des années 80. Ces passionnés voyaient et voient toujours le sport autrement, loin des structures fédérales, des valeurs du sport traditionnel. Cette génération là a aujourd’hui 50 ans, elle a des gamins de 15/18 ans et ceux qui suivent sont dans la tranche 25/40. Effectivement, sous les casques, on voit en station ou ailleurs, souvent, des tempes grises. Ce n’est pas péjoratif et économiquement, on peut-être étonné que ce phénomène ne soit pas encore davantage pris au sérieux au plan touristique, donc au plan économique.
Et pour ceux qui douteraient de l’ampleur du phénomène, voici les chiffres des pages FB des principaux médias spécialisés, même si nous avons noté en une année des progressions un peu étonnantes :
USA
BIKE Mag US + 335 000 personnes
Mountain Bike Action US + 269 000 personnes
DIRT Rag (US) + 177 000 personnes
ROYAUME-UNI
SINGLE TRACK UK + 427 000 personnes
DIRT magazine UK + 650 000 personnes
IMBike (UK) + 335 000 personnes
ALLEMAGNE
ENDURO Mountainbike Magazine (D) 239 000 personnes
BIKE magazine (D) + 93 000 personnes
Moutain Bike Magazine (D) + 38 000
FRANCE
VTT (FR) + 84 000 personnes
Vélo Vert + 56 000 personnes
Big Bike + 22 000 personnes
PS : Evidemment, la passion du vélo s’exprime de multiples manières, le but n’est pas d’affirmer la suprématie d’une pratique sur une autre, nos amitiés à tous les passionnés de vélo de route, mais bien de dire qu’aujourd’hui, il y a d’autres moyens d’expérimenter le vélo que celle que le TV relaye constamment, c’est à dire sous le prisme de la compétition sur route.