Ce post a été initialement publié le 11 février 2014. Il a rencontré une large audience et nous en avons été particulièrement heureux tant on touche là un sujet avec lequel la glisse (et la France en général est très mal à l’aise). Robby Naish a plus de 50 ans, tout comme Laird Hamilton. Vous remarquerez que c’est aussi le cas de Loïck Peyron, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours performant (bien qu’il aborde franchement la diminution de capacité physique). Le sujet reste étonnant et détonnant puisque dans la sphère professionnel, la France qui a fait de la « retraite » un réel sujet de société, voire l’objectif d’une vie, classe les quinquas dans la case sénior. Le sport peut-il changer cette vision des choses ?
Avec cet épisode de Naish TV sorti fin 2012, la marque hawaïenne s’attaquait avec intelligence à deux tabous, aussi tenaces que répandus dans les sports de gliss et le sport tout court, l’âge et le niveau de pratique.
Prenons l’exemple du windsurf. Les magazines français ont toujours gardé la ligne éditoriale des années 80/90 quand une grande partie de leur lectorat a pris 20 ans entre temps. Voire plus. Il ne s’agissait évidemment pas pour eux de devenir des magazines de « vieux » parlant des douleurs lombaires après une session (quoique le blog Surf-Prévention se permet ce genre de sujet) mais accepter de voir la diversité de l’ensemble des pratiquants les auraient aidé à gagner un peu d’épaisseur éditoriale. Et le windsurf en général aurait pu tirer quelques bénéfices à ne pas être une énorme machine à exclure des passionnés. Car à la même époque, de l’autre coté de l’Atlantique, des magazines comme Surfer Mag savaient régulièrement aborder des sujets de fond et parler de l’aspect inter-générationnel du surf. Ainsi en octobre 2001, Si Surfer Mag montrait un enfant en couverture, la double d’intro du sujet « Surfing Forever » le montrait sur la plage avec son père et son grand père chacun avec leur board sous le bras.
Le tabou de l’âge n’épargne pas le kite. Si on peut comprendre que les marques veuillent avant tout mettre en avant les jeunes générations, c’est même normal, on peut constater que leur communication n’est pas forcément en phase avec l’ensemble des pratiquants. Un tour sur n’importe quel spot montre que les kiteboarders entre 18 et 25 ans ne sont pas toujours la majorité et la proportion de freestylers de bon niveau n’est pas énorme. Pourtant la plupart des efforts de communication des constructeurs montrent des freestylers entre 18 et 25 ans. C’est un peu comme si les fabricants de ski n’avaient montré que des descendeurs ou des freeriders extrême dans l’ensemble de leur publicité. Ils ont exploité les pratiques radicales, certes, mais de manière moins exclusive. Il en va de même dans la conception produit mais là, c’est un auter débat…
On pourrait aussi parler de la présence des femmes mais c’est moins flagrant. Cabrinha met en avant Suzi Mai, Il y a Hannah Whiteley chez Wainman ou Charlotte chez F.One. Tout n’est pas négatif, ce n’est pas le propos.
Dans ce contexte, cette vidéo montrant trois «vieux » et illustres inconnus, Pete Siracusa, Bob Street, Cyrus Monroe, and Gerry Shalhoob est plutôt bienvenue. Ces trois là, résidant de Mauï, comptent parmi les pionniers du kite. Ils ont commencé en 1999. Ils rident entre potes, pour le plaisir, leur niveau n’est pas extravagant, mais ils sont le reflet d’une partie des pratiquants. Les mettre en avant est plutôt bien vu, plutôt malin, plutôt intelligent. Même le titre est osé…
Si vous avez 18 ans, c’est vidéo risque de vous gaver, si vous avez entre 20 ans et 30 ans mais que votre père fait du kite, vous comprendrez, si vous avez 40 ou plus (l’âge de Naish et de Cabrinha soit dit en passant…), vous allez vous dire que l’heure de votre dernière session n’a pas encore sonné….
Aujourd’hui Robby a 53 ans. Les nouvelles générations ne savent pas forcément qui il est et on ne peut pas leur en faire le reproche. Gardons-nous de toute nostalgie, laissons ce concept à d’autres bien que concernant le windsurf, c’est tentant… Robby a 53 ans, et avec lui toute une génération qui s’est aperçue grâce à lui qu’il y avait des choses à faire en mer, en tout cas des trucs plus passionnants que de se plomber la vie entre trois bouées avec des bateaux qui n’avancent pas. C’est surtout de ça qu’il importe aujourd’hui. Le windsurf nous a appris à vivre la mer autrement et la dernière édition du Red Bull Storm Chase vient de montrer combien cette vision est encore d’actualité.
Robby Naish, il y aurait tant à dire mais pour résumer on terminera en images. « Robby Naish, gentlemen surfer » est une vidéo sortie il y a quelques années quand la marque Tommy Hilfiger a choisi d’en faire un des ses ambassadeurs. « Gentlemen Surfer », j’aime bien cette idée…
Vignette photo : Muller Photo
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