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L’Europe pourrait incarner un surf en phase avec son époque

Bella Vita est un film de surf sorti en  2013. Le fait qu’il soit en accès libre sur le net est une bonne occasion de le revoir et de comprendre en quoi il est différent et intéressant.

Ce film italien, réalisé par Jason Baffa, renverse les codes. Sa base line était « surf, famille et tradition ». C’était osé quand on sait que le film a été présenté en Californie. Évidemment, ça peut faire sourire, mais ce long métrage raconte une histoire authentique, celle d’un Californien qui revient sur les lieux de son enfance, en l’occurence ici en Italie.  Nous avons plusieurs fois abordé ce thème de réflexion (voir liens ci-dessous). La culture du surf est majoritairement anglo-saxonne, son récit pour ne pas dire son storytelling global est le même depuis 50 ans. Résumons rapidement : un zeste de contre-culture (genre on est des rebelles) et un doigt d’Endless Summer, le film culte de Bruce Brown, dans lequel deux surfers voyagent autour du monde. Le surf reste de plain-pied dans les années 60/70.  Par ailleurs, une des voies de développement et de communication qui se dessine aujourd’hui, poussée par le WSL et Quiksilver à priori, est celle du surf artificiel, de la piscine à vague et des J.O. Le grand écart n’effraye personne. Au moment même où les Jeux n’ont jamais été aussi fragiles, où les infrastructures feront de plus en plus l’objet de rejet, on peut douter du bien fondé de la stratégie.

Or le monde a changé. À l’heure où des questions sociétales fondamentales se posent (c’est quoi l’avenir, comment sauver la planète), où l’idée même du « progrès » est remise en question, où le mode de vie américain (hyper consommation) incarne un modèle discutable , où on voudrait construire une société sur d’autres bases que le culte du toujours plus,  il est peut-être temps que l’Europe, qui a toutes les cartes en main, incarne une autre idée du monde de demain, et pourquoi pas, une autre idée du sport, et une philosophie du surf moins agressive, plus raisonnée, plus philosophique.

C’est dans ce contexte que l’on se dit que le surf pourrait, devrait véhiculer des valeurs en résonance avec l’époque. Ne pas forcément idéaliser le voyage (ne pas l’exclure pour autant), le promouvoir différemment, donner l’idée d’une pratique qui en revient au style et ne privilégie pas que l’agressivité des mouvements, après tout le débat existe aussi dans le rugby,  s’attacher au local, aux territoires aux autres,  à la culture, effectivement à la famille innover, mais au service d’une production plus responsable, la jouer low tech. Il faut accepter le fait que le surf se soit enfermé dans une culture minimaliste aujourd’hui un peu has been.

PS : évidemment, il ne nous a pas échappé que dans ce film Chris Del Moro, californien, blond au look christique, fait très surf 70’s mais il faut aller au delà de ce détail. 

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