On rejoue Avatar dans un coin reculé du Pacifique. Mais cette fois il s’agit de #Paris2024
D’une part une vague presque irréelle, un pur joyau naturel autour duquel font bloc les autochtones, Polynésiens, surfeurs, plongeurs, pêcheurs, héritiers d’une relation à la nature qu’on associe aux peuples premiers, et que l’on voudrait ne pas avoir perdu tout à fait.
D’autre part, les Jeux olympiques. Un rêve, une institution, mais aussi une multinationale, le CIO qui, comme la FIFA, est parfois plus puissant que les états, et se déplace de continent en continent, davantage pour des raisons financières et géopolitiques que sportives.
D’un côté une vision occidentale qui parle des normes, de plots de béton dans le reef, d’air conditionné, de l’autre, des gens, qui manifestent pacifiquement leur inquiétude, disent que leur tour en bois existe depuis des années, qu’elle fait le job pour les épreuves WSL et que ça pourrait bien suffire.
Alors, on imagine bien que la réalité est plus nuancée, que tout n’est pas aussi manichéen, qu’il faudrait dépasser le parallèle avec le film hollywoodien qui force le trait, mais la dernière vidéo mise en ligne par Matahi Drollet sur Instagram fait mouche parce qu’elle incarne parfaitement l’époque. On se demande comment les deux parties en sont arrivées là, comment et surtout pourquoi l’institution persiste dans ce choc des cultures et des visions du monde. C’est inquiétant.
D’abord, désolé d’appuyer là où ça fait mal, on comprend mal pourquoi les Tahitiens ne se sont pas battus il y a des années pour que les JO n’arrivent pas chez eux. Comment ont-ils pu imaginer, même si évidemment ils en attendaient des retombées économiques, une fierté compréhensible aussi, que leur petit paradis ne souffrirait pas d’une manière ou d’une autre de la présence de cette grosse machine que sont les JO, qu’elle n’entrainerait pas de dommages collatéraux ?
De l’autre, et l’erreur est cette fois-ci impardonnable, comment les responsables du dossier « technique » ont-ils pu imaginer que dans le monde actuel, leur grosse tour en aluminium tout confort, bien assise sur de multiples plots en béton posés sur un reef millénaire, n’allait pas apparaître comme le summum de l’arrogance, de la suffisance et de l’inconséquence d’un monde occidental qui ne sait toujours pas poser de limites à sa conception de l’avenir. Un monde qui ne voit pas le reef et la faune, mais des « normes de sécurité », de l’air climatisé et des serveurs, qui ne peut pas penser qu’on ne marque pas un endroit de façon indélébile pour un événement de trois jours.
Le CIO n’en est pourtant pas à sa première polémique sur les traces et autres friches qu’il laisse derrière lui et son cynisme est acté, la candidature française devrait avoir plus de finesse. C’est râté.
