La montagne et la voile se sont nourries des décennies durant, de récits de conquêtes. En Himalaya, dans les Alpes également, les pionniers ont écrit l’histoire de l’alpinisme. Il en est de même sur les mers et les océans du globe.
Quand tout ou presque était sur les tablettes, il a été question de vitesse, puis de records, enfin d’enchaînements. Évidemment, marins et alpinistes continuent de provoquer notre admiration, mais parfois, on perd le sens de vue, on sent confusément que quelque chose ne colle pas ou plus.
Même s’il ne faut pas juger l’alpinisme à l’aune des excès à l’Everest, même si la course au large ne résume pas le rapport de tous les marins du monde avec l’océan, sur l’eau et en montagne, on perçoit bien les limites de ce récit caractéristique du 20e siècle. Plus vite, plus haut, plus fort.
Sur l’eau, la vitesse est devenue une obsession : skippers, architectes, ingénieurs et chantiers, mais aussi organisateurs, ont rivalisé d’imagination et de talents pour inventer des bateaux d’exception et organiser des courses passionnantes. Le Vendée Globe en fait partie, le Trophée Jules Verne également. En 2017, Francis Joyon et son équipage ont fait le tour du monde en à peine plus de 40 jours…
Depuis, on voit bien que les millions d’euros alimentant le tout technologique butent sur une limite.
Un homme va se lancer entre le continent et la Corse, seul, sur une petite planche à foil et avec une pagaie. Il va « surfer » la houle.
Dans l’absolu, Erwan Jauffroy, comme les autres pionniers dont les Hawaïens sur le Maliko Run, replacent la course au large dans un nouveau contexte. Ce minimalisme correspond non seulement à une réduction souhaitable des « moyens » mais aussi à l’individualisation et la miniaturisation des pratiques nautiques depuis 50 ans.
Dans l’époque qui est la nôtre, c’est précieux.
Il ne s’agit pas de rétrécir nos rêves, il est question de se désintoxiquer du toujours plus.