Quel que soit son avenir, possible ou non, il faut replacer le Wing Foil dans son contexte.
Prenons les cinquante dernières années, soit entre 1970 et aujourd’hui. En ce qui concerne les moyens d’aller sur l’eau et plus particulièrement, la navigation « sportive », la taille des « embarcations à voile », disons plutôt la taille de l’interface entre l’homme et la mer n’a cessé de se réduire. Il y a eu successivement :
- le monocoque
- le catamaran de sport
- la planche à voile
- le kitesurf
- le foil
Comparé au windsurf ou au kitesurf, le Wing Foil peut paraître « absurde ». Pour l’instant, c’est un concept en plein développement, la plage d’utilisation est faible (entre 20 et 30 noeuds), les marques naviguent à vue.
Il va attirer les early adopters, on jugera de la suite. Il pourrait influencer le kitesurf, peser sur les évolutions du surf qui va « sortir » du strict cadre des vagues déferlantes, amener pourquoi pas des pratiques dans des plans d’eau intérieur. L’enjeu n’est pas de tant de savoir si ça va marcher, si c’est un gadget pour réseaux sociaux ou une innovation durable, l’enjeu est de tenter de comprendre ce que cette initiative produira à terme.
Autre paramètre important. La possibilité d’innover.
Certains univers sportifs ne sont pas soumis à des règles. Tout du moins, celles-ci ne sont pas constitutives de leur identité, de leur code source. Prenons un contre exemple : au tennis, quel que soit le match, à Wimbledon ou au fin fond de la Corèze, après 15-30, il peut y avoir 30-A ou 15-40. Personne ne songerait à imaginer le contraire. La place du filet est peu susceptible d’être remise en cause. En outdoor ou sur l’eau, des règles existent, en trail, en surf, mais la normalité est plutôt de coté de la pratique « libre » ou freeride. L’espace pour innover est sans limite. Fin de ce préambule.
Les photos de « l’engin » de ce que l’on nomme le Wing Foil ont circulé très vite sur les réseaux sociaux. Tout aussi rapidement, les marques influentes se sont « positionnées ». Dans le sillage de Duotone, F.ONE avec ces images de Raphaël Salles lui-même, Naish et Robby qui n’a pas résisté non plus, Slingshot, GoFoil…. Ce week-end, c’est Kaï Lenny qui s’y est collé aussi.
De quoi s’agit-il ?
D’une planche hybride, issue de l’évolution du stand up paddle, mais plus courte (6 pieds), équipée d’un foil bien évidemment, et propulsée par une aile gonflable qui rappelle une aile de kitesurf, mais qui n’en est pas vraiment une.
Précision importante, il n’y a pas de liaison entre le « gréement » et « l’esquif » et on devine assez rapidement qu’évoluer avec pareil équipement n’est pas une mince affaire. Là n’est pas le problème d’ailleurs. Sans remonter à la Duchesse du Berry une des premières à s’intéresser au littoral, mais en ne se référant qu’à 1936 et l’engouement naissant pour les bains de mer, qui aurait envisager qu’un humain lambda puisse faire du kitesurf. Tout est relatif, l’homme se distingue par sa capacité d’adaptation.
L’idée d’une aile hybride qui sustente ne date pas d’hier. Elle remonte aux années 80 avec des tentatives en Bretagne et dans les Gorges de l’Oregon notamment. A l’époque le windsurf vit son climax, plus tard, le kitesurf prendra les devants, l’initiative en reste là.
Pour bien comprendre les chemin tortueux d’une innovation, il faut reprendre une à une les pièces du puzzle. C’est le foil qui met aujourd’hui les esprits en ébullition et qui redistribue les cartes.
Le foil, c’est appendice qui ressemble à un avion miniature, soulève la planche et diminue la trainée (le frottement). Cela permet non seulement d’avoir besoin de peu de puissance mais également d’une planche toute petite puisqu’elle ne sert qu’en phase de démarrage. Voilà pour la technique. Quelle différence avec le kitefoil direz-vous ?
- Pas de ligne. En kitesurf, les « fils » (le terme exacte est ligne) font 25 mètres en moyenne, c’est un des éléments responsables de la traction, c’est aussi un facteur limitatif de mise en œuvre. Facteur de danger également.
Le Wing Foil est un puzzle. Un ré-assemblage de l’existant rendu possible à la fois par l’innovation technologique et l’évolution des esprits. Notamment les progrès sur les surfaces de foil (1800 cm carré pour F.ONE avec un mât de 75 cm). Pour l’instant la taille de l’aile (entre 2,5 et 4 mètre-carré) limite la plage d’utilisation. Il faut au moins 20 nœuds.
Avant de trouver cette innovation « bizarre », il faut reprendre un à un divers paramètres. Tenter de jauger de son avenir n’est même pas le propos. L’important est de comprendre les mécanismes en jeu.
- les fabricants de foil visent le marché du surf mondial
- le développement du foil pourrait faire évoluer la pratique même du surf.
- Tout ce qui tourne autour de cette évolution est donc stratégique
- L’aile devient une sorte de « périphérique » de la planche. Comme la pagaie
- On peut imaginer une planche élément central utilisable avec ou sans foil (c’est existant), propulsable avec ou sans pagaie, avec ou sans « wing ».
- la manière d’aller en mer évolue. L’avenir est à une pratique légère, voir ultra légère, peu impactante
- La mobilité est un élément déterminant aujourd’hui. L’équipement de Wing Foil est facilement transportable. En voiture, même en train.
Comparé au windsurf ou au kitesurf, le Wing Foil peut paraître « absurde ». Pour l’instant, c’est un concept en plein développement, la plage d’utilisation est faible (entre 20 et 30 noeuds), les marques naviguent à vue.
Il va attirer les early adopters, on jugera de la suite. Il pourrait influencer le kitesurf, peser sur les évolutions du surf qui va « sortir » du strict cadre des vagues déferlantes, amener pourquoi pas des pratiques dans des plans d’eau intérieur. L’enjeu n’est pas de tant de savoir si ça va marcher, si c’est un gadget pour réseaux sociaux ou une innovation durable, l’enjeu est de tenter de comprendre ce que cette initiative produira à terme.
En attendant, enthousiasmons-nous.